lundi 22 juin 2015

À pas de velours... Dans l'atelier de Nathalie Malric

Quelques mots, quelques images du travail de sculpture en cours, des détails glanés au fil des lettres de Nathalie, en exclusivité pour Pollen...

"Je vais devoir épaissir les arborescences de certaines ramures, je les trouve trop fines. J'aime qu'elles aient l'air fortes. C'est un long travail que d'ausculter les pièces sous tous les angles pour traquer la moindre irrégularité, et essayer d'atteindre des lignes pures." 

Ramures - Photo courtesy Nathalie Malric ©

"Ce que j'adore c'est apprendre à connaître la matière que l'on travaille. J'aime préparer ma pâte pour qu'elle ait la consistance idéale. On acquiert un rapport à la matière qui est vraiment précieux."

Ondulations - Photo courtesy Nathalie Malric ©

Vue de l'atelier - Photo courtesy Nathalie Malric ©
 Nathalie Malric is the founder of Peut-être Magazine.

mercredi 29 avril 2015

Un texte de Bertrand Secret sur les séries "Amulettes" et "Pains d'épices" de Didier Hamey

Le premier matin du monde pourrait ressembler au ciel ivoire d’un papier de fibre de mûrier : un vide feutré et végétal, en attente. Puis viendrait un souffle, une pulsation, des taches et linéaments d’encre noire se tortilleraient sur cette peau de papier, et des flaques de nuit mercurielle se déploieraient en corolles, se dresseraient, s’érigeraient.

Ça doit être comme ça que ça commence. Dans l’obscurité fertile, un magma aveugle, un rien qui prend forme et qui se soulève.

Pain d'épices IV
Des figures qui surgissent créent l’espace en même temps qu’elles l’habitent. Une procession de changeformes occupés à leur perpétuelle métamorphose, hésitant entre les règnes. Animal ? végétal ? minéral ? Tout ceci à la fois, les classifications n’ont pas court ici. De cette soupe primordiale, d’autres corps d’ombres frêles ou massives se lèvent, leur chair d’encre noire aspire toute lumière et nous sommes aspirés nous aussi, on se perd dans cette matière attirante, veloutée, quitte à nous y perdre. On explore cette obscurité, on s’évanouit dans son épaisseur tiède, on s’y blottit même ; on s’accroupit les yeux ouverts dans le noir, on attend de voir ce qu’il se passera, de voir s’envoler quelques lucioles ou phosphènes.  Et bien sûr l’œil s’habitue, des choses bougent et dansent.

Ki No Ko
La dernière série de Didier Hamey, Amulettes et pains d’épices  a tout d’une cosmogonie, la création du monde nous est contée sans un mot, en une image qui contient le Tout. Les surfaces des plaques de cuivre ou de plexiglas sont les parois de son antre, là où il déploie son art pariétal, l’endroit où apparaissent les figures qui le traversent. Il griffe, incise, caresse, effleure, sa pointe sèche laisse sur ces matrices la trace d’invisibles sillons. L’art du graveur est de nous révéler ces délicates blessures.
Ce qu’il nous est offert ce sont ces traces, ces lignes. Le trait nous parle, il raconte les gestes, il nous parle de corps, le sien propre nerveux ou délicat mais aussi celui du graveur ; cet homme qui envoie des messages, intercesseur entre nos yeux et le monde des images. Le trait exalte ce que fut le rituel, satori de l’acte créateur qui s’inscrit dans la matière. La virtuosité du bras et de la main, mais aussi ses faiblesses, ses hésitations et tremblements. Retenue et frénésie. Urgence de capturer les visions de l’intérieur, évanescentes et fragiles qui passent comme de gros nuages pressés.

Pain d'épices V
Chacune des épreuves d’Amulettes et pain d’épices nous présente des entités doubles et ambiguës dont on ne saura rien des intentions bienveillantes ou inquiétantes. Toujours une figure centrale énigmatique surgit par le bas du cadre, une aile de papillon lui prête des yeux, une autre arbore une tête de chauve-souris comme un masque rieur.
Que peut-il naître de tant d’ombre ? Tout. Et c’est ici que tout commence, car c’est de cette opacité de poix, de ce noir d’encre chaude, que naissent les mondes, que jaillissent faune et flore et l’on en voit s’échapper furtivement des incarnations végétales et animales, qui nous observent comme nous les regardons, avec curiosité et interrogation. D’autres avec malice ou sauvagerie. Ses créatures ou ses génies ont la force des miroirs et des reflets ; ils nous renvoient ce que nous avons à leur offrir. Du peu ou de la profusion, des murmures ou le tumulte d’une ménagerie.

Boletous
Patiemment, dans une succession de petits gestes hypnotiques, Didier Hamey nous envoie des messages dont l’écho semble avoir traversé le temps et l’espace, reliques de pays étranges, d’époques reculées ou à venir.  Ces estampes sont des artefacts habités. D’étranges inscriptions en sont la clé et les gardiens facétieux, des formules magiques certainement. "Amulettes et pain d’épices, Amulettes et pain d’épices",  répétez ces mots plusieurs fois, lentement, pour laisser éclore leur pouvoir, vous commencerez à ressentir le vertige de ce mantra, l’abîme qui vous tend les bras.

Bertrand Secret, 2015.

jeudi 12 février 2015

Interview de Valérie Belmokhtar



Une interview en forme d'incursion parmi les images et les pensées de Valérie Belmokhtar. Ou la visite d'un jardin intérieur comme cheminement  parmi les liens fertiles entre matière et monde imaginal.

Pouvez-vous nous parler d'un souvenir dont vous pensez qu’il aura beaucoup marqué votre pratique artistique ?

La pratique du dessin et du modelage dans un atelier d’arts plastiques le mercredi après-midi dès mon entrée au collège, cela m’a ouvert tout un monde, j’y allais en courant. Avant cela il y a eu une visite en classe de CP au Centre Georges Pompidou à Paris, j’ai eu un grand choc en voyant la grotte de l’artiste Dubuffet,  un dessin dans lequel on pouvait entrer en quelque sorte puisqu’il s’agit d’une grotte dessinée en volume, et aussi quand j’ai vu toutes les peintures modernes, j’ai eu le sentiment très fort que j’avais enfin trouvé ma « maison », c’est à dire l’art comme maison.

Existe-t- il un lieu particulièrement important pour vous ?

Il y en a quelques uns : les lieux sont comme des personnes pour moi. Je m’attache à certains endroits. J’ai été prise d’affection pour des lieux pendant mes voyages ou des périodes de ma vie qui a été assez nomade. Je suis également attachée aux jardins d’une façon très particulière et au lieu où je vis actuellement à Paris qui est un vrai point d’ancrage. Je retiendrai le jardin comme lieu important pour moi. J’y vais aussi souvent que possible (tous les jardins que je croise).


Une maison particulière ?

Cette maison de mes parents dans l’Isère dans un petit village où je vais toujours depuis l’enfance, et où mon père vit actuellement. C’est un havre de paix. C’est l’endroit où je me ressource, il n’y a pas internet ni de téléphone et on y mange les tomates du jardin. La maison est remplie de nos objets et livres de quand on était petit, des tas de choses qui nous rappellent des moments de vie, c’est infiniment précieux et inspirant.

Quel est le type de paysage qui vous parle le plus ?

Le jardin en premier mais la mer, la forêt et aussi les villes. Je n’arrive pas à en choisir un seul !

Quelle enfant étiez- vous ?

J’étais calme, rêveuse, je lisais et dessinais toute la journée. Je regardais des dessins animés aussi, ce qui m’a certainement donné le goût des personnages et du dessin. J’étais très contemplative, je collectionnais les papiers, je jouais du piano et j’adorais raconter des trucs dans des cahiers que j’illustrais avec des dessins. Je n’ai pas l’impression d’avoir tellement changé !

Un livre important ?

La montagne magique de Thomas Mann m’a beaucoup marqué à 20 ans mais ces dernières années la relecture des Métamorphoses d’Ovide a joué un rôle important dans ma pratique. Les textes mythologiques et fondateurs, les poèmes japonais et tous les livres sur les jardins/la botanique me passionnent.


Une musique ? 

Les Gnossiennes d’Eric Satie. J’écoute aussi du rock, de l’électro, de la pop.

Un animal totem ?

L’oiseau sous toutes ses formes me fascine.

Quel genre de plantes ou d'arbre seriez- vous ?

Un olivier peut être ou un pin nuage !

Pensez-vous avoir une âme sœur ?

Oui mon compagnon qui est batteur. Sa façon de jouer de la batterie est très puissante et presque tribale, la première fois que je l’ai vu et entendu jouer, je me suis dit que sa pratique de la musique qui est comme rituelle et transcendantale était proche d’un sentiment familier que je ressens quand je dessine, grave ou peins. Avoir une âme sœur cela peut s’incarner dans l’amour mais aussi dans certaines amitiés très fortes je pense, lorsque deux âmes peuvent communiquer sans forcément parler et se comprennent.

Quelle est la saison qui vous inspire le plus ?

Le printemps.

Pourriez-vous nous décrire votre rapport à la matière et aux éléments, que ce soient ceux avec lesquels vous travaillez ou plus largement ceux qui vous entourent ?

Mon rapport à la matière et aux éléments est fusionnel, quand je suis inspirée, j’ai des sensations de ne faire qu’un avec le monde qui m’entoure et d’absorber certains éléments que l’on retrouvera directement dans mon travail de création. Il y a une sorte de porosité entre ce que je vois et ressens (incluant les odeurs, les sons, le goût, les couleurs, le toucher, la mémoire, les souvenirs et les images) et la création que je vais faire. C’est un rapport que je considère comme très complet et je m’émerveille chaque jour d’avoir cette chance de pouvoir vivre cela quotidiennement, ce rapport au monde. C’est une liaison entre un monde concret et un monde spirituel, une sorte d’arbre magique avec des tas de ramifications, je ne pourrai jamais m’en passer. J’ai l’impression que mon corps est une sorte de réceptacle fantastique pour créer en lien direct avec le monde qui l’entoure, j’ai mis du temps à en prendre pleinement conscience mais cela a toujours été là. Cette fusion avec la « nature » et ce qui nous entoure au sens large est une source de bien être incroyable. Avoir des « capteurs » en étant artiste, je considère cela comme une chance inouïe. Je sais que d’autres personnes ressentent aussi cela à travers d’autres métiers ou activités d’ailleurs. C’est tout simplement humain mais encore faut-t-il en prendre conscience.

Robe de pluie, acrylique sur toile, 2014

A quel moment viennent vos images, les visions qui donneront naissance à vos oeuvres, dans quelle sorte de moment ?

Cela peut venir à tout moment et de façon incongrue. En général, j’essaye de fixer alors ces visions dans un carnet pour les réutiliser plus tard. J’ai quand même remarqué que les visions ou images me venaient beaucoup dans des moments de rêverie, quand je me déplace ou dans mon sommeil. C’est à dire dans des moments de repos et de relâchement plutôt. J’arrive parfois à faire coïncider mon inspiration, ma vision et l’acte de créer en même temps mais ce sont des moments précieux, ce n’est pas tout le temps.

Rêve racine, dessin encre de chine, feutres, peinture sur papier du Vietnam

Dessinez- vous et quelle place a le dessin dans votre travail ?

Je dessine beaucoup et depuis toujours, j’ai rempli des centaines de carnets. Le dessin est à la fois un moyen de réaliser des œuvres « finalisées » pour moi (dessin à l’encre par exemple ou illustrations) mais aussi une pratique très présente pour nourrir mon inspiration et mes gravures. Je dessine de tout et avec toutes sortes d’outils dans mes carnets, c’est l’aspect intime de ma pratique. Je dessine aussi sur de grands papiers, uniquement quand cela me vient avec une plume et de l’encre de chine sans aucune esquisse préalable. J’adore ce genre de « saut dans le vide » sur la page blanche, cela m’a toujours plu. Je fais parfois pareil avec les gravures, en dessinant directement à la pointe sèche. Pour les peintures sur toiles, je ne fais jamais d’esquisses, je peins directement, ma pratique du dessin est donc variable.

Décrivez-nous votre dernière pièce.

Un ange féminin sur fond noir. C’est une gravure, j’ai repris une gravure que j’avais déjà faite en la redessinant entièrement sur une nouvelle plaque mais je voulais essayer une autre façon en inversant et en mettant un fond noir. Je travaille sur plusieurs choses en même temps j’ai aussi plusieurs peintures, illustrations,  gravures et livres d’artistes en chantier.

Ange - pointe sèche sur papier Arches

Pouvez- vous nous parler de vos prochain projets ?

Un bébé attendu pour la fin du printemps !
Et aussi des expositions. En ce moment j’expose des gravures avec d’autres artistes avec la galerie Nathalie Bereau à Chinon au Chai Couly jusqu’au 12 Avril. Ensuite une exposition solo peut être bientôt à Paris qui est en discussion. Je prépare de nouvelles gravures et illustrations pour un projet de livre et je finalise des livres d’artistes déjà imprimés en gravure. J’ai aussi des peintures sur toile en cours, une nouvelle série.

Mon rêve - Livre d'artiste exemplaire avec découpe, pointe sèche, 2014
Mon rêve, détail du livre, pointe sèche, 2014

Y-a-t-il une question que l’on de vous a jamais posée et à laquelle vous aimeriez répondre ?

C’est fort probable, il faut que je la trouve.

dimanche 1 février 2015

Interview de Nathalie Malric


Brins de paille fine, filaments d'or, parcelles de trésors... Les visions de Nathalie Malric, et quelques pensées qu'elle dévoile dans cette interview Pollen

Pouvez-vous nous parler d'un souvenir dont vous pensez qu’il aura beaucoup marqué votre pratique artistique ? 

Ma mémoire est imprégnée des films et dessins animés que je demandais à mon père d'enregistrer quand j'étais enfant, sur un énorme et bruyant magnétoscope. Le boucan que ça faisait quand on rembobinait !!! Parmi eux, Le Petit Poucet de Michel Boisrond et Peau d'âne de Jacques Demy, que j'ai visionnés inlassablement, un nombre incalculable de fois. Je continue à les regarder. Leur poésie, leur mystère, leur féérie dépourvue de mièvrerie sont des références pour moi. J'adorais le dessin animé Albator. Les personnages de cette série exerçaient sur moi une fascination qui perdure encore aujourd'hui, j'étais comme ensorcelée par leur grâce et leur fantaisie.
J'ai aussi beaucoup regardé l'adaptation cinématographique des Misérables par Robert Hossein. Sa musique me bouleverse toujours. J'en garde des souvenirs de boue sur des vêtements en lambeaux, des visages souillés de personnages dont la beauté irradiait, même dans le plus grand dénuement. Cela a déterminé ma quête de sens et de beauté, là où on ne pense pas forcément les trouver, dans des recoins délaissés par les diktats et standards actuels.
  
Existe-t-il un lieu particulièrement important pour vous ?
 
Ma maison. Je pourrais rester enfermée chez moi des jours, des mois durant sans sortir, sans voir personne, pourvu que j'aie de quoi me sustenter et créer. Mon univers intérieur (spatial et spirituel) me suffit.
  
Une maison particulière ?
  
La mienne, justement. Ici j'ai de la place pour créer, rêver... J'y ai réuni des objets que j'ai chinés dans les brocantes depuis que je suis adolescente, des œuvres d'amis artistes, c'est un peu comme s'ils veillaient sur moi. Je me sens entourée de beauté bienveillante, enveloppante et inspirante. La nature aussi me fait des cadeaux immenses. Je découvre parfois dans mon jardin des trésors cachés, imperceptibles, comme ces toiles d'araignées qui sont de petits bijoux de tissage et d'architecture d'une délicatesse et d'une complexité inouïes. Je prends le temps de m'arrêter, observer, apprécier, contempler... 

  
Quel est le type de paysage qui vous parle le plus ?
  
Je suis toujours très émue à la vue d'un paysage en ruines. Il est le souvenir de ce qui a été, et la promesse de ce qu'il pourrait être, en renaissant de ses cendres. Il est porteur d'une histoire, et ses vestiges, souvent beaux même dans le plus grand délabrement sont une source d'inspiration pour moi. J'ai vu des images de parc d'attractions abandonnés, j'adorerais m'y rendre et les photographier.

Quelle enfant étiez-vous ?

J'étais une enfant à la fois d'une timidité maladive et très dissipée. Je bougeais tellement en classe qu'il m'arrivait de tomber de ma chaise. J'avais peu d'amis, je n'étais pas intégrée dans les groupes, et j'observais les autres enfants avec beaucoup de recul. J'avais l'impression de ne pas faire partie du même monde. A l'époque, être asiatique dans une ville de province était très rare. 
Je me réfugiais dans mon imaginaire et m'inventais des histoires. J'adorais me déguiser, j'avais une corbeille géante en osier dans laquelle étaient rassemblées toutes mes robes (de princesse et de souillon), dont quelques unes que je cousais moi-même. Je m'imaginais princesse sur un radeau en naufrage, ou fée envoyée en mission sur Terre qui devait s'accommoder du quotidien des humains. J'avais hâte de devenir adulte, d'être autonome, indépendante, libre de faire mes propres choix, car je contestais souvent ceux que les adultes faisaient pour moi. J'ai eu beaucoup de mal avec le système scolaire, sa hiérarchie, j'ai été témoin d'humiliations et injustices qui m'ont beaucoup marquée.

Un livre important ?

Le Grand Meaulnes. Je devais le lire pour un cours de Français, au collège. C'était la corvée. Je m'y suis pris la veille. Et finalement je l'ai lu d'une traite, en une nuit. Je garde un souvenir émerveillé de la description de l'errance nocturne d'Augustin, du domaine mystérieux, et d'Yvonne de Galais, dont les "chevilles étaient si fines qu’elles pliaient par instants et qu’on craignait de les voir se briser." Pendant très longtemps, je me suis refusée à regarder les adaptations cinématographiques qui en avaient été faites, car je savais que je serais déçue, qu'elles ne pouvaient correspondre à l'idée fantasmée que je me faisais des lieux, des personnages ...


Une musique ?
  
Celle de Michael Jackson, dont je suis devenue fan au début des années 90. Elle a accompagné mon adolescence et elle fait définitivement partie de ma vie. Quand j'ai emmenagé dans ma nouvelle maison, j'ai déballé mes cd, et c'est en écoutant les albums Off the wall et Thriller que je me suis sentie totalement chez moi. 
  
Un animal totem ?
 
Le chat. C'est un animal d'une grande élégance. La compagnie d'un chat vous environne de beauté et de sérénité. J'adore les photographier. Un jour je ferai une chose un peu ringarde : je réaliserai un calendrier avec des chats !!!

Quel genre de plantes ou d'arbre seriez-vous si vous n’étiez pas humaine ?
  
Je serais une orchidée (fanée) ou une dentelle d'hortensia. Les fleurs sont une de mes plus grandes source d'inspiration. Je les aime fanées, voire desséchées, quand elles sont presque méconnaissables et ne ressemblent plus vraiment à l'image stéréotypée que l'on a d'elles.


Pensez-vous avoir une âme sœur ?
  
Pour en être sûre il faudrait que je sois aussi la sienne.
  
Quelle est la saison qui vous inspire ?
  
Je ne me sens pas particulièrement influencée par une saison mais j'aime le printemps, l'idée d'un renouveau, et me réjouir de photographier à nouveau des tulipes perroquet, des pivoines coral sunset et de bientôt me régaler de melons et cerises noires.
  
Pourriez-vous nous décrire votre rapport à la matière et aux éléments, que ce soient ceux avec lesquels vous travaillez ou plus largement ceux qui vous entourent ?
  
Les éléments n'ont pas d'influence directe sur moi, dans le sens où je n'en ai pas conscience, C'est plutôt la matière qui découle de ces éléments. La matière est le cœur de mon travail, qu'il s'agisse de photographie, de couture, de broderie, de sculpture ... Toute matière peut m'inspirer ou m'interpeller, à partir du moment où elle nourrit mon travail. Cette matière peut être organique, l'oeuvre de millions d'années par la nature, un objet manufacturé, le fruit du travail d'un artisan ou d'un artiste... J'aime la matière, qu'elle soit brute ou délicate, sophistiquée ou décrépie, à partir du moment où elle me renvoie à ces notions d'intemporalité, d'authenticité, et de beauté, qui sont somme toute très subjectives.


A quel moment viennent vos images, les visions qui donneront naissances à vos œuvres ?

La plupart de mes images naissent à la vision d'une matière, d'un objet ou d'un être à partir duquel tout va s'enclencher. Le sentiment d'empathie, même pour un objet, est le moteur de toute création me concernant. Ces images peuvent être exponentielles, obsessionnelles, et empêcher toute gestion raisonnable des nécessités et obligations du quotidien. Le temps peut passer très vite quand je suis plongée dans ces images. Un jour est une heure.
  
Dessinez-vous et quelle place a le dessin dans votre travail ?

Le dessin me sert à mémoriser et fixer mes idées d'une manière plus visuelle, moins abstraite que la description écrite. Toutefois il n'est pas assez bon pour être considéré en lui-même comme un travail artistique. J'aurais aimé savoir peindre, dessiner. Si cela avait été le cas, je ne serais certainement pas photographe. Au fil du temps, j'aborde la photographie d'une manière de plus en plus picturale, son traitement se rapproche de plus en plus de la peinture ou du dessin.


Décrivez-nous votre dernière pièce.

J'ai repris la sculpture, et travaille sur des vanités et l'utilisation de matières organiques telles que des bois de cerf. Plusieurs métiers interviennent dans cette création : la sculpture, la couture, la broderie, la peinture ... J'ai envie de travailler en volume, et de réunir tous les savoirs que j'ai acquis au fil des années, dont certains que j'ai un peu délaissés, et dont la pratique me manque.
  
Savez-vous quelle sera votre prochaine aventure ?

J'en ai une petite idée, et en même temps aucune. La vie m'a menée vers des sentiers inconnus et j'en suis très heureuse.
  
Y-a-t-il une question que l’on de vous a jamais posée et à laquelle vous aimeriez répondre ?

"Veux-tu me remplacer la nuit du 24 au 25 décembre ?", si elle vient de Laponie...

dimanche 25 janvier 2015

Interview de Joanna Pallaris




If wishes were horses - feuilles de vers parlant des arbres - protéger/ i miei sogni d'oro : quelques uns des titres des œuvres de Joanna Pallaris. Plaise aux dieux que l'interview qui suit puisse nous permettre de respirer un peu plus de ce parfum de mystère...

Could you talk about a memory which you think transmitted a lot to your artistic practice? 

On an afternoon at school we had a visiting tutor who introduced us to the chambre noir ( darkroom). A feather, string and my hand was my first photogram. I was captivated by the magic of the process and still am to this day.


Is there somewhere a really important place for you?

The sea, the sea!

Any important home? 

Where I currently live now, a remote and wild place surrounded by trees and ferns, near the sea.

Which sort of landscape inspires you more? 

Seascapes , but also woodlands.


Which child were you? 

Much like the one I am still now; quiet and curious. Perhaps I was a bit more temperamental then.

An important book? 

Hard to pick just one! But Le Blé en Herbe, by Colette stays with me.

A music? 

Another difficult one . It depends on what mood I am in, suffice to say I have an eclectic taste. I favour singer-songwriters.

A spirit animal? 

Anubis.


Which sort of plant or tree would you be? 

Plant -  Jasmin. Tree -  Wild Strawberry Tree.

Do you think you have a soul­mate? 

My 'soul-mate' has always been the dogs I've had.

Which season inspires you more? 

Definitely not Summer, late Autumn I suppose.


Could you describe your relationship with the matter, the elements? The ones you work with as well as the ones that surround you.

Elements/ matter are of course very important for me. Not only as a source of inspiration but their everchanging state leave one constantly on the edge. I live in a natural habitat so my days are very much governed by the elements. It is very good for one's humility, we humans too often forget that.

When do your inner images use to happen to you, in which sort of moment? 

Generally at night in bed when I have an overactive mind and can't sleep, or when I swim.

Do you draw as well, and how important drawing is for your practice? 

Of course as I started out drawing. My degree was in Illustration but it was during University that I fell for the photographic medium. Now drawing serves as a place     to sketch ideas for the photos I wish to take. When I cannot photograph I resort to drawing, detailed patterns mostly.


Please describe your last piece of work.

A small series I took recently was of a tawny owl I found. An elaboration on my 'Broken Wings' photograph. This idea about birds carrying the souls of the        deceased, but in this case the reverse is true.

Can you tell more about your upcoming projects? 

I am working on a photographic series about the moon but not in the literal sense.

Is there any question you were never asked and to which you would like to answer?
  
Do you feel you belong to the world of today? Answer: Not really. My soul harks back to a long long time ago.

lundi 19 janvier 2015

Quelques nouveautés / Some News

Diverses nouvelles choses chez Pollen (liste non exhaustive)... / Some new things at Pollen (non all-inclusive list)..

* Nous préparons une belle série d'interviews, comme vous le savez peut-être (la première est ici). / We are preparing a beautiful series of interviews, as you may know (the first one is here).

* Un album pour chaque artiste sera ajouté sur notre page Facebook. Ici, Nathalie Malric. / We are adding an album for every artist on our Facebook page. Here, Nathalie Malric.

* Entretien avec Cendrine Rovini, par Anne Malherbe. / An interview with Cendrine Rovini, by Anne Malherbe.

* La manie d'abruti, exposition personnelle de Mike Mackeldey actuellement à la Galerie Da-End (Paris), en compagnie de Ellen DeLaine. Jusqu'au 21 février 2015. / La manie d'abruti, solo exhibition of Mike Mackeldey, currently at Da-End Gallery (Paris), with Ellen DeLaine. Until February 21, 2015.

* Exposition de Gravures, exposition collective avec des travaux de Valérie Belmokhtar, à la Galerie Nathalie Béreau. Jusqu'au 12 avril 2015. / Exposition de Gravures, collective show presenting works by Valérie Blamokhtar, currently at Nathalie Béreau Gallery (Chinon, France). Until april 12, 2015. 

* Expositions à venir pour Marie Boralevi. / Upcoming exhibitions for Marie Boralevi

* Exposition à venir de Rithika Merchant : Metro Curates Art Fair presentée by Stephen Romano Gallery, au Metropolitan Pavillon, New York, du 22 au 25 janvier 2015. / Rithika Merchant upcoming show : Metro Curates Art Fair presented by Stephen Romano Gallery, The Metropolitan Pavillon, New York, january 22, january 25, 2015.

* Une belle série de photographies, par Jeanne Madic. / A beautiful series of photographs, by Jeanne Madic.